Victor GELU

( 1806-1885)

C'est certainement le plus grand, le plus puissant et le plus profondément marseillais des poètes.

Il est né en 1806, en bordure de la plaine d'Aix, 5, rue du Bon Pasteur, où existe toujours la boulangerie que tenait son père.
Doué d'une vive sensibilité et d'une intelligence rebelle à toute espèce de conformisme, l'enfant reçoit une solide éducation, dans sa famille d'abord, puis dans les écoles de son quartier et chez les Frères Gris d'Aix dont il a gardé un sinistre souvenir.

Arrivé à l'âge d'homme, Gelu aurait pu s'embourgeoiser comme beaucoup d'autres, mais il reste du peuple jusqu'au tréfonds, garde une vénération pour ses parents et juge les événements politiques auxquels il est mêlé au nom d'une sagesse souveraine qui l'élève au dessus des passions partisanes.

Il voyage beaucoup, cherche à trouver sa voie dans divers métiers, mais Marseille reste son port d'attache.
C'est en 1836 qu'il écrit sa chanson célèbre Fenian é Grouman.
En 1844, il publie son premier recueil de chansons provençales, qui lui vaut un succès populaire immédiat, puis il s'installe à Roquevaire auprès de son frère minotier.
Invité en 1852 au congrès des félibres, à Arles, il parvint à conquérir une foule d'admirateurs par sa carrure d'athlète et sa voix de cuivre.

Roumanille lui dira même en cette occasion : "Mon Dieu, Monsieur, vous devez nous trouver tout petits".
Pourtant, Gélu refusera de s'intégrer aux félibres, préférant se tenir à l'écart des groupements, afin de mieux préserver l'indépendance d'esprit qui le caractérisait.

Retrouvant l'apaisement après la mort de sa fille, il écrit en novembre 1854 une de ses œuvres majeures, Lou Credo de Cassian.

Il publie en 1855 un roman, Nouvè Grané, et en 1856 une nouvelle édition augmentée de ses chansons.
Ses sentiments républicains furent la source de bien des tracas : ses ennemis politiques s'acharnaient à s'opposer à la publication de nouvelles œuvres.
Lors de la seconde édition de ses œuvres, certains passages furent coupés, remplacés par des lignes de pointillés et la plupart des ouvrages achetés par ses opposants soucieux de les mettre aussitôt au pilon.
Les textes présentés sur ce site sont justement issus de cette deuxième édition (mais les passages en question ont été réintégrés en les signalant).

A la fin de sa vie, Victor Gelu revient se fixer à Marseille où il meurt en 1885 : un an après sa mort, sera publiée une édition complète de ses oeuvres, texte original et traduction, préfacée par Frédéric Mistral.

Nul mieux que Gelu n'a fait sentir le caractère rude et absolu de la vieille langue marseillaise.
Ses idées sont celles d'un libéral, homme de coeur qui envoie leurs vérités à la face des fauteurs d'injustices sociales et exprimant l'énergie contenue dans l'âme populaire, énergie qu'aucun artifice de littérature ne saurait rendre.
Et il était pourtant un fin lettré, cet homme que certains se sont représenté comme un primitif...

Ses œuvres
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