paraulo
(Les propos tenus dans cette ruubrique n'engagent que leur auteur et ne sauraient donner lieu à polémique sur ce support médiatique).

J'accuse nos élus d'un massacre délibéré d'image et de patrimoine.

L'appellation de notre Région entre Rhône et Alpes ne cesse de connaitre des atermoiements et des attitudes inconscientes, ignorantes et surtout aussi peu courageuses que réalistes, tout au long des décisions, ces dernières années de nos élus régionaux droite et gauche confondues.
Je m'engage à relever ce défi en visitant les grands moments historiques de notre Région et en mettant en évidence le massacre d'une image qui porte atteinte dans tous les domaines de notre patrimoine matériel et immatériel ceux du passé, du présent et du futur concernant même les impacts économiques à travers nos produits, nos créations ou nos découvertes de toutes disciplines, art de vivre et surtout une synergie de "simple marketing" que devraient illustrer en entité les attraits touristiques communs.
 
Quelle Région française au regard de son histoire aurait accepté de voir s'installer à la place du mot illustre de Provence, l'insipide et ridicule PACA.
Essayons donc, une telle maladresse de lèse-majesté, en agissant de même auprès des Alsaciens ou des Bretons… ou des Corses ?
Alors… en Provence, on va se débarrasser des difficultés d'ordre politique en jouant facilement sur l'ignorance ou l'indifférence d'une population où il y a 80% de non natifs qui n'ont souvent qu'une connaissance assez superficielle de leur pays d'adoption sans vouloir pourtant en faire une notion discriminatoire ou dévalorisante envers qui que ce soit, car il existe aussi des natifs ignorantissimes !
 
Alors même si cela peut surprendre, il est bon de rappeler que nous sommes tous, d'abord des êtres géographiques avant que de devenir des citoyens en un vrai partage historique.
Reconnaissons ensemble, que cette vision dans le cadre de notre Région administrative, est particulièrement riche d'une turbulence historique et donc d'une diversité de pays et de paysages où se côtoie des reliefs, des climats et des relations historiques transfrontalières entre Italie et Espagne comme il en existe dans aucune Région française.
L'inventaire succinct : une mer mythique chargée d'histoire, la haute et la moyenne montagne, mais aussi les montagnes sèches accompagnées d'une variété dans le collinaire, des gorges aux trouées hydrogéologiques, deux fleuves à considérer comme tel ( Rhône et Durance hier !), un estuaire exceptionnel avec la Camargue etc…) .
Tout ceci justifiant pleinement l'implantation des plus nombreuses et des plus grandes Réserves Naturelles générales et la plus grande densité de Parc Naturel Régionaux de toutes les autres Régions françaises en comparaison de leur superficie totale.
 
Bien sûr tous nos territoires (même après un nouveau découpage bâclé) ont chacun d'autres spécificités et d'autres patrimoines qu'ils illustrent à leur gré.
Mais alors, par exemple, la Région "Occitanie" a su les rassembler en un seul mot très fort, simple et porteur autour de l'histoire, de la langue et des cultures diverses (Aquitaine, Béarn, Gascogne, Guyenne, Périgord etc. …).
Nous avons déjà planté le décor de notre visite, en donnant la priorité aux SVT (Sciences de la Terre) car tout commence par cette connaissance en patrimoine.
Tous les étudiants en géologie du monde entier continuent d'apprendre que les ocres mais aussi les couches hercyniennes d'Aptien et de Barrémien sont en Provence.
Que la Provence est siliceuse et calcaire et qu'il y coule la plus célèbre des rivières souterraines dans une vallée close (Vaucluse mais également… sans oublier les Voconces !).
Mais alors si nous abordons le monde du vivant nous allons y rencontrer à la suite tous les chercheurs : botanistes, entomologistes, ornithologues, zoologistes qui ont donné leur nom et souvent suivi de celui du territoire "provençal" aux espèces rares de leurs découvertes.
C'est même vérifiable pour les papillons ou les arbres et leurs fruits et même les champignons, et je n'ajouterai rien quant aux herbes aromatiques et de pharmacopée - héritières de la Montagne de Lure, dont les commerçants de la Chine ont usurpé et surtout maintenu le nom de Provence dans leur culture productiviste polluée !
 
Pour aborder toutes les autres disciplines nous voilà très vite plongé dans la découverte de l'imprimerie (déjà quelle place importante y joua Avignon ! elle est encore ignorée) des dizaines de millions d'ouvrages en latin, en provençal, en français…et dans toutes les traductions en langue étrangère du monde entier ont pour titre essentiel et premier mot : PROVENCE !
Ce qui ridiculise depuis toujours l'appellation de PACA …
Sans tenir compte de toutes les publications récentes qui sont aujourd'hui sur nos rayons de vente en librairie ou dans les bibliothèques et qui revendiquent pleinement ce "vocable" consacré par l'usage multiséculaire.
Faudra-t-il tous les débaptiser… guide touristique compris ?
 
Alors très succinctement disons deux mots des motifs profonds qui déjà ont subi un compromis dans le stupide choix avec le nom de PACA, qui n'a été qu'une piètre compromission, inspiré par la représentation électorale d'un territoire en concurrence entre Nice et Marseille pour en ménager des susceptibilités et des "égos" démagogiques ( Médecin/Defferre assez nous avons assez de ce passé récent ! ).
Tout cela ne tient pas ne tient plus devant une réflexion objective et une pensée didactique et scientifique claire, et une passion charnelle et affective dans toute son histoire... de vérité et de beauté.
Il s'agissait de quoi ?
D'y faire figurer et représenter des courts passages historiques qui sont le fait de trois présences : celle des Alpes, du Comté de Nice, et de la Côte d'Azur.
Nous allons visiter toutes ces représentations territoriales dans les choix irréfléchis qui ont été adoptés.
 

accuse
 
Commençant par les Alpes, certes au nom prestigieux et qui ont tout donné à tout ce qui touche à toutes les disciplines dites de "l'alpinisme", mais les Alpes ont une appartenance européennes : elles sont italiennes, suisses, autrichiennes, et bien sûr françaises d'ailleurs en Savoie comme en Provence…
Les Régions occitanes n'ont jamais avancé l'oronyme "Pyrénées" qui désigne aussi chez eux, la chaine d'un relief, il s'agit d'une dénomination de même origine pour les Alpes qui n'ont aucune prétention d'appartenance dans la géographie de l'histoire, à part celle d'une frontière naturelle et partagée.
 
Passons à Nice et à son Comté.
Ils sont l'exemple parfait de tout ce qu'ont pu vivre en conflit territoriaux tous nos "pays provençaux" dans les mouvements transitoires des pouvoir féodaux, papaux, monarchiques ou républicains avec des situations éphémères au niveau frontalier où les gens du Comtat Venaissin, ceux du Comté de Forcalquier ou du Marquisat des Baux se sont souvent trouvés pendant une période variable sous la férule catalane, italienne, savoyarde et romaine et encore bien au-delà avec celle des papes… assumant pour un temps le rayonnement du catholicisme européen !
Les péripéties du département de Vaucluse et son enclave de Valréas en sont la caricature exemplaire.
Ceci n'a jamais fait l'objet de sa part d'une exigence représentative et ainsi engagé la moindre des pressions pour y faire figurer ici ou là leurs titres ou leurs drapeaux.
Le Comté de Sault - près de la viguerie d'Apt - fut aussi au Dauphiné, ce qui n'empêche pas les Baronnies voisines d'ajouter de plus en plus à leurs noms de communes et sur leur panneau d'entrée le qualificatif de "Drôme provençale" et jamais celui de "pascalienne".
Prendront-elles demain celui du Sud ?
Ce serait déjà un pléonasme de géographie cartographique qui n'intéresse guère les objectifs du choix fait par ces provençaux de culture et de langue à travers ce "confins" (du latin : cum fines) c'est-à-dire les limites que nous avons en commun.
Rien ne doit faire oublier tout ce qui est advenu dans l'histoire du Comté de Nice à commencer par les similitudes (et non la concurrence qu'on entretien !) avec Massalia la grecque.
En effet Nika est aussi phocéenne d'origine et fit aussi son appel au secours aux légions romaines, harcelée qu'elle était par les Ligures comme les Marseillais par les Salyens, Dexivates, Vulgentes et autres tribus celto-ligures.
Et ce fut la naissance de la plus ancienne origine du mot Provence (ProVincia).
Les revendications savoyardes qui se sont exprimés au cours des siècles, étaient souvent liées à celles des velléités obsessionnelles de certains rois de France (souvent désastreuses comme à Pavie) allant titiller nos frères latins d'Italie… et après l'attitude ambiguë du célèbre et courageux Garibaldi - natif de Nice - notamment en 1851 au moment du rattachement, voilà que nous trouvons comme seul résiduel en prétention que celle bien sinistre mais exprimée de Mussolini !
Le Trophée de Pompée avait pourtant bien donné le ton "des confins" dès le tracé - après la Via Domitia - puis de la Via Aurélia.
Toutes ces voies et la première carte de Provence du 12ème siècle (publiée par l'Atlas Historique de Provence - Armand Colin) c'est ce Moyen-âge en renaissance, qui l'exprime dans l'avènement dominant du christianisme d'un monachisme bâtisseur de Lérins à Saint-Victor !
Cette carte historique et indiscutable est l'exact dessin géographique de la dite "PACA" d'aujourd'hui, car c'est la période où se met en place avec les diocèse les premières organisations territoriales.
Quant à la culture, dans le même esprit, tous les linguistes indiscutés et compétents, sont tous d'accord pour classer le beau dialecte "nissart" (que j'adore dans son aspect de singularité frontalière !) parmi les langues occitano-provençales…
Le jury provençal de Ventabren vient d'ailleurs d'y couronner un digne représentant de la famille du célèbre niçois Francis Gag.
 
Enfin deux mots pour en finir avec "la Côte d'Azur".
L'invention de Stephen Liegard au XIXème, pour remplacer celui de Ribiera (trop italien ?...) est déjà une usurpation géographique territoriale très large quand cet inventeur récupère - de manière désinvolte - non seulement les "Isclo d'Or" d'Hyères - une des dernières œuvres de Mistral - mais oublie ou ignorait-il le deuxième grand poème épique de "Calendal" qui se déroule dans les Maures et l'Esterel.
Cet ancien sous-préfet originaire de Dijon, fit une petite carrière de poète inconnu qui n'a bien sur rien de comparable avec celle de Mistral.
Mieux, dans son guide dit : "Côte d'Azur" ( quelle piètre découverte pour un poète ) il englobe Marseille dans sa géographie générale nominative avec le mot "Côte" …( car il y a aussi la Côte bleue…) ajouté le qualificatif d' "Azur" qui n'a aujourd'hui guère plus de poids historique que celui d'avoir attiré les richissimes anglais sur une période ( qui sont aujourd'hui plus modestes mais beaucoup plus nombreux en Périgord ! ) puis d'avoir réussi à laisser bétonner cette "Côte en résidence immobilière" de manière anarchique et scandaleuse qui va se trouver confrontée, dans un proche avenir, avec de nombreux problèmes dans le cadre des évolutions climatiques…
Heureusement que l'Arrière-Pays Niçois est un émerveillement !
 
On pourrait prolonger indéfiniment les erreurs, les dénis, les oublis et les contre-vérités qui ont jalonné cette décision de lâcheté politique et ainsi d'avoir cru réussir dans cette appellation de PACA, qui est un véritable "bric-à-brac de géopolitique", sans consistance et tellement inutilisable car elle est insignifiante en excès de tout y vouloir représenter…
Elle ne représentait plus RIEN !
C'est tellement vrai que la voilà remise en cause !
Alors si nous sommes à la veille d'un "vrai repentir" au sens presque pictural du terme ; ne nous mettons pas dans une autre voie/voix encore plus évasive et oublieuse des vérités et des beautés des pesanteurs de l'Histoire… et de la culture.
Mesdames et Messieurs élus de la Région, vous prenez la lourde responsabilité d'ébranler un peu l'impact de ce territoire dans son avenir économique et culturel par un massacre de son image qui est depuis des millénaires, enracinée dans l'ensemble de tout un patrimoine matériel et immatériel.
Je ne fais aucun pari sur le succès ou l'échec de votre décision, car toute ma confiance va à la plus lourde des forces du bon sens et de l'esprit, celle des usages et de l'histoire, car vous n'effacerez jamais le nom de Provence sous vos prétextes modernistes ou de technocrates en proie aux angoisses électorales.
 
Je termine en mettant un point final, plus personnel et en pleine actualité.
Le titre de la collection que m'avaient confié les Presses Universitaires, vient de faire l'objet d'une nouvelle édition (qui va aussi avoir une traduction anglaise).
Les corrections ont déjà été engagé… dois-je demander à l'éditeur d'en modifier le titre et ainsi passer de "Les 100 mots de la Provence" … à celui de "Les 100 mots de Paca" ou les "Les 100 mots de Sud-Paca" ou celui de "Les 100 mots de Sud-Méditerranée" et "Que-sais-je ?" encore… puisqu'il s'agit bien de cette collection bien nommée parmi les plus anciennes de l'édition française.
Et ainsi de boire au nouveau baptême avec un verre des "Coteaux de Paca, du Sud, Azur, Méditerranée" qui n'auront jamais le destin ou la chance d'aussi bien vieillir que certains de nos vins de "garde" de tous nos "Coteaux de Provence" !
Vous prenez la lourde responsabilité de vous tromper devant l'histoire.
Les vérités et les réalités patrimoniales comme disait le grand Berluc-Perrusis ( mais combien sont-ils ceux qui savant ce que cet illustre personnage a écrit ? : Et alors " PROVENCES " - au pluriel (fort justement proposé) plus que notre petite patrie… est devant le monde entier notre première "matrie" !
Marc Dumas
Pour tous renseignements complémentaires, vous pouvez contacter Lou Mèste Maiun

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